Bach le voyageur

La rivalité entre la Suède et la Russie pour la domination de la Baltique a agité l’Europe du Nord pendant plusieurs siècles. En 1707, après avoir déposé le roi de Pologne, le royaume de Suède attaque la Russie de Pierre le Grand. Ce conflit s’achèvera en Ukraine à Poltava, où les Suédois sont défaits. Charles de Suède est exilé auprès de son allié turc à Constantinople, mais les conflits entre les deux puissances nordiques perdureront encore longtemps.

Curieusement cette défaite connaît des conséquences musicales : Johann Jakob Bach, frère bien aimé de Johann Sebastian, musicien au service du roi de Suède, le suit dans ses déplacements militaires, jusque dans l’exil à Istanbul. C’est là qu’il fait la connaissance d’un musicien français, Gabriel Buffardin, au service de l’ambassadeur du Roi de France. 

Buffardin joue d’un nouvel instrument, la flûte traversière, et l’enseigne à Jakob Bach, sans doute un des premiers Allemands à en jouer. De retour en Saxe, Bach fait inviter Buffardin à la cour de Dresde où il restera plusieurs années.
À la même époque, Dimitrie Cantemir, prince musicien roumain, lui aussi très lié à la politique agitée de cette région d’Europe, partage sa vie entre les cours de Constantinople et de Saint-Petersbourg, et sa Moldavie natale. Il nous permet de connaître l’extraordinaire variété des musiques qu’on entend sur les rives du Bosphore, et ses oeuvres font figure de référence pour la musique ottomane du 18e siècle.